Si jamais elle approche, tu peux toujours fuir son spectre inquiétant mais rien n’y changera.
Ferme tes oreilles à son sifflement strident, ferme tes yeux à sa vue mortifère. 
Nous étions tous friands de ce genre d’histoires ; que nous racontions autour du feu crépitant ou dans une chambre aux fenêtres closes, à l’abris des adultes trop sérieux.
Nuageuses clartés
d’une lune belle à pleurer
et d’un crépuscule de juillet.
  Tendre est la nuit.
Le parfum des fleurs arrosées,
soucis, dahlias, roses et pensées.
Les moissons passées et les bottes de foins faites.
L’harmonie de ces odeurs suaves et chaudes dans 
l’humide atmosphère du soir,
m’enivraient.
Je voulais rester ici et là,
goûter à la plénitude et au silence, 
le temps d’une étreinte, avant le retour du jour. 
Le soir venu, alors que résonnait le chant des rainettes et bourdonnaient au-dessus de nos têtes les insectes nocturnes attirés par la lune, nous nous laissions bercer par nos propres murmures et commencions nos récits à faire peur et à faire rêver, ceux qui parlent d’esprits, de dame blanche et d’ombres étranges.
Des ventres embrochés
l’effroi entre chiens et loups
et les hurlements de bêtes
tristes et sans maîtres.
Je connais untel à qui s’est arrivé.
  La mise en garde.
Et la nuit venue, j’entendais seule, aboyer
dans ma tête
menacée par la folie qui guette. 
Au nom de la terre, 
celle de mon père et
du père de mon père.
Pour les rustiques 
odeurs du lisier
et celles embuées
d’un orage qui guette.
Il te faut prendre racine,
là où la terre est fertile
et chaude, où l’iris sauvage
et le divin laurier
nous chavirent la poitrine,
là où les oiseaux chantent.

Ne te tourmentes pas,
je sais que tu veux fuir
ces rites et ces pays
échanger le silence 
pour le désert des bruits
ne te tourmentes pas.

Viens avec moi au fond de l’abysse jade
laisser monter l’ivresse, s’unir au danger.
On se cachera dans les herbes fuselées
et nous nous réjouirons de cette escapade.
Souviens-toi. Souviens-toi de ce mois d’août, 
les chats qui frôlent nos mollets blancs et chastes.
les confidences.
le bruit des verres et les vers luisants. Il est minuit, 
ne rentrons pas encore. La lune est pleine
et le ciel danse. 
Au printemps et jusqu’à l’août
nous cavalions ces allées,
bordées d’un joli vert d’été.

Les herbes, triomphantes 
de leurs plumeaux, au sommet
entraînaient nos rêves plus loin.

Et, passées les soirs bleus,
la liberté des champs,
la chaleur de nos corps,
nous fîmes nos adieux
à la saison sauvage.
Après que les étoiles eurent commencer à tomber, une à une,
au fond d’un puit ouvert
et que l’air frais fit redescendre les esprits excités,
l’on pouvait entendre le murmure paisible de la nuit tiède et 
les souvenirs endormis d’une journée heureuse.

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